vendredi 15 juillet 2011

Adieu, Père Hervé GBENOU!

Le Père Hervé GBENOU
s’en est allé vers la demeure éternelle du Père !

Au matin du mercredi 11 juillet 2011, à la sacristie, alors que la procession devrait s’ébranler en vue de la célébration de la messe, le Père Hervé GOUDOHESSI m’adressa cette interrogation :
« As-tu déjà appris la nouvelle du décès du Père Hervé GBENOU ? » ; et il poursuivit : « Nous dirons l’Eucharistie de ce matin en suffrage pour son repos éternel. »
Cette information m’était tombée dessus comme une massue, mes yeux rougissent à l’instant, je dus me contenir pour ne pas laisser couler les larmes de si tôt ce matin ; mes pas s’étaient alourdis dans la procession ; j’étais déconcerté par cette nouvelle. Ces sentiments seront partagés quelques instants plus tard par la communauté paroissiale de Ste Anne de Porto-Novo, paroisse d’origine du Père Hervé, quand le vicaire, au début de la célébration lui porta cette même nouvelle. Un grand cri de détresse se fit entendre et aussitôt tout s’affadit dans les cœurs des participants qui, par la suite se donnaient bien de peines pour répondre aux différentes invocations de la célébration et pour prendre les refrains pendant cette Eucharistie.
Ces sentiments qui se sont extériorisés au cœur de notre communauté paroissiale ont été certainement vécus ailleurs, soit de façon communautaire ou même individuelle, par ceux qui ont eu la chance de côtoyer le disparu.
 C’est pénible. La mort vient de nous ravir un prêtre, un ami, un frère, un témoin du Christ… Que de témoignages ne cessent de pleuvoir depuis, de part et d’autres à son sujet et, bien de lamentations se font entendre pour regretter cette disparition si brusque et inattendue ce celui sur qui était placé bien d’espoir ! En effet, telle une fleur, une rose qui venait de s’éclore et offrait généreusement à qui s’y approchait, son parfum pour une heureuse exhalaison, remplissant du coup, son bénéficiaire de bonheur, de paix et de tranquillité, le Père Hervé GBENOU a été pour nous, et certainement pour ceux qui l’ont connu, et ce à raison, comme cette image que nous venons de peindre. Sa vie, telle, celle d’une rose, s’est évanouie en un clin d’œil, en l’espace d’un temps que nous aurions souhaité plus long, mais le ciel en a décidé autrement.
Né le 20 Décembre 1973, le père Hervé GBENON est le benjamin d'une famille de sept enfants. De mère protestante et de père catholique, il a été élevé dans une foi chrétienne œcuménique. Après le Bac, il s’était inscrit en sociologie à l’université où il était lorsque le Seigneur l’appela à sa suite pour la vocation au sacerdoce. Rentrée au séminaire, il suivit sa formation et sera ordonné prêtre le 17 août 2002 sur sa paroisse Ste Anne de Porto-Novo. Après son ordination presbytérale, il fut envoyé comme vicaire à la paroisse St Etienne d’Adjohoun où il exerça son ministère, montrant toute sa disponibilité au service du bien des autres, tout engagé au risque parfois de sa vie, pour soulager les malades. Là, il affichait déjà son audace dans le combat contre le malin et ses suppôts pour la délivrance des fidèles du Seigneur. Cette expérience lui servira plus tard, après son retour des études en septembre 2009[1], à Wadon où il fut aussitôt nommé premier administrateur de la nouvelle paroisse en création sous le patronage du Sacré-Cœur. Là il montra tout son zèle de pasteur et de bâtisseur à travers ses prédications, ses nombreuses initiatives, sa disponibilité constante… Bien des gens témoignent en effet de lui que ses prédications tenaillaient les âmes meurtries par le péché, en même tant que les consolaient dans la miséricorde divine et instruisaient à une vie chrétienne de témoignage, de joie et de confiance en Dieu. Lui-même incarnait ses propos par sa générosité, sa jovialité, son amour des autres, son affabilité, sa disponibilité pour le soulagement des autres. Son programme de vie presbytéral et sa devise témoignent bien de cela. En effet, il a voulu devenir prêtre « pour être heureux et pour être utile » et, voici sa devise :
« O Croix, je vous porterai.
Jésus Christ, je vous suivrai.
Marie je vous aimerai.
Saint Paul je vous ressemblerai.
Tous les saints, je vous rejoindrai. »
Le 03 juillet passé, quand, à la suite de Mgr venu donner la confirmation à ses fidèles et qui en a profité pour annoncer à la communauté qu’il le leur arracherait pour lui permettre d’aller faire ses soins en Europe, quand à la suite de Mgr donc, il prit la parole pour rassurer ses fidèles, n’était-ce pas son adieux qu’il disait à tous ? Personne ne pourrait y croire, mais aujourd’hui, ceci nous paraît une évidence. Quel mystère que la mort !
Tous ces jours, toutes ces années de la vie du Père Hervé, aussi brefs soient-ils, mais pourtant bien remplis, se sont enfuis, et il s’est envolé vers l’éternelle demeure…Dans l’espérance et la foi, il chante à présent cette hymne au Seigneur :
« … Mon corps ne peut que revivre en tes bras :
Je vais vers toi, mon Seigneur, dans ta joie,
Je vais vers toi, mon Seigneur et mon Roi.
La joie ne peut s’être éteinte à jamais ;
… Je tends les bras, mon Seigneur, tu parais ;
Je tends les bras, mon Seigneur et ma paix.
… Ta vie me prend et m’emporte joyeux ;
Ton sang me prend et je rouvre les yeux.
Je vois tes mains, mon Seigneur dans les cieux,
Je vois tes mains, mon Seigneur et mon Dieu ! »[2]
Le Seigneur qui garde à jamais sa fidélité (Ps 145, 6) et qui l’a choisi pour être son témoin et son serviteur au milieu de nous, le fera vivre à nouveau. Toi qu’il a aimé Seigneur, et servi à travers un témoignage qui te rend honneur, accorde-lui le bonheur sans fin et comble sa certitude de pouvoir vivre rejoindre tous les saints.
Et nous, Seigneur, « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse » (Ps 89, 12). En Toi est la source de la vie, par ta lumière, nous voyons la lumière… Face au mystère de ton amour pour tes créatures, Seigneur donnes-nous ta sagesse pour que, face au mystère de cette disparition, nos cœurs ne se laissent au découragement, à la tristesse… Mais, remplis-nous de l’espérance nécessaire pour toujours tourner nos regards vers toi, pour te contempler dans ce que nous avons hâte d’appeler ‘‘ ton silence ’’ qui, parfois nous déconcerte. Que ta grâce soutienne notre marche ici-bas, si pénible qu’elle pourrait parfois paraître, pour que nous témoignions toujours de toi par notre vie entière afin qu’advienne au plus tôt ton règne. Amen
Abbé Karl BAÏMEY-DAGAN
Paroisse Ste Anne d’ATTAKE
PORT-NOVO


[1]Après ses années de vicariats, il fut envoyé en 2005 où il fit un an en Ardèche dans la Communauté des Chanoines de Saint Augustin. Dès septembre 2006, il est vicaire à Magny et continue sa formation en théologie de la spiritualité à l'Institut Catholique de Paris.
[2]PTP, Hymne de des Laudes de l’office des défunts